Quand tu danses, tu peux t'offrir le luxe d'être toi.
CuelhoLes Espagnols conquérants ne tardent pas à trouver la solution au repeuplement de la grande île, puisqu’ils ont alors le monopole de la traite des noirs. Lorsqu'en 1580, ce monopole passe aux mains des Portugais, puis en 1713 aux mains des Anglais, le trafic continue et prospère. De sorte qu'en 1860, ce sont trois millions d'esclaves qui ont été importés. Avec eux, ils ont naturellement apporté leurs cultes et leurs rites particuliers comme le vaudou, toujours pratiqué aujourd'hui, qui débute par des danses.
Parmi les danses qu'ils pratiquent, il en est une animale, inspirée de la démarche du coq, qui devient, pour les noirs de l'intérieur de l'île, une danse régionale très prisée lors des fêtes villageoises. Durant la danse, la femme suggère les parades nuptiales des animaux afin d'aguicher puis de dominer l'homme. Séduit, ce dernier essaie alors d'affirmer sa qualité de mâle afin d'obtenir ses faveurs.
Au cours des années 1880 on entend ce rythme latin dans les patios des solares et les docks du port de la Havane dans les milieux afro-cubains. Le terme désigne les fêtes nocturnes où on se rassemble pour chanter et danser.
La première version de la rumba est connue sous le nom "rumba-boléro" vers les années 1920. C'est une rumba lente, que les partenaires dansent alors très proches l'un de l'autre.
La forme actuelle de la rumba, la "rumba cubaine", fit son apparition à la fin des années 40, développée en parallèle par des professeurs de danse aux États-Unis et en Angleterre sous une forme policée.
La forme dancing est appelée « rumba américaine » ou « square rumba ». Plus tard, les Anglais mettent au point et imposent la rumba " cuban system ", qui devient la rumba de compétition.
Il est dit que la rumba est la danse de l'amour... Les lents mouvements que les danseurs effectuent confèrent à cette danse une sensualité qui ne laisse pas indifférent. L'évolution du couple de danseurs est à rapprocher d'une parade nuptiale du monde animal : la femme aguiche l'homme avant de se dérober au dernier moment tandis que l'homme tente de la séduire en essayant de garder le contrôle...
Témoignage de Madame Doris Lavelle (anglaise) qui fut la partenaire de Pierre après la seconde guerre mondiale concernant l’évolution des danses latino américaines, et commençant par la rumba .
(Source : you tube.com : doris lavelle)
« Avant la guerre, moi même et mon partenaire pierre étions à la recherche d’une nouvelle danse.
Et nous avons entendu dire que sur le continent, la rumba était beaucoup jouée et par des orchestres très célèbres.
Nous sommes donc allés à Paris pour découvrir les clubs où les meilleurs orchestres se produisaient.
Et nous sommes allés dans ce club appeler la « cabane cubaine » à Montmartre. Là, la rumba était jouée jusqu'à des heures très avancées du matin.
Beaucoup de chefs d'orchestre très célèbres dont Don Barretto venaient jouer là après minuit, après avoir terminé de jouer dans leur propre club.
Et dans ce cabaret, nous avons vu beaucoup de Rumba dansée.
Nous l'avons étudiée, nous avons eu des leçons de quelqu'un du club et de retour en Angleterre, nous avons introduit cette danse nous l'avons appelée la « rumba carrée » ou « square rumba ».
Elle a eu un certain succès.
Nous-mêmes avons eu beaucoup de succès, mais certains enseignants avaient une appréhension à enseigner une nouvelle danse. Nous avons vraiment persévéré et avons continué.
Durant la guerre de nombreux Cubains sont venus avec l'armée .
Nous avions un ami cubain au consulat cubain et il nous demandait souvent : dansez vous la rumba?
Et comme je disais oui, il venait souvent dans notre studio au 96 région Street, ce qui s'est finalement appelé le 96 par tous tellement nous avions d'étrangers qui venaient nous visiter du monde entier.
Quand j'ai dansé avec ces cubains, j'ai réalisé qu'ils dansaient sur un rythme différent du nôtre. Je me suis toujours sentie inconfortable. J'ai toujours réussi à suivre mes partenaires, mais je ne me suis jamais sentie à mon aise.
Pierre non plus ne se sentait pas confortable, nous avons donc décidé d'aller dès que possible aux origines de la rumba à Cuba.
C'est ce que nous avons fait juste après la guerre dès que la banque d'Angleterre nous a autorisé à sortir des devises, ce qui fut fait à la fin des années 1940 et au début des années 1950. Nous sommes donc partis à la Havane. Là, nous avons découvert le seul professionnel qui enseignait dans cette ville: Pepe Riviera.
Et il a immédiatement dit à Pierre : « mais vous dansez sur un rythme faux »!!
Et c'est alors que nous avons commencé à étudier la Rumba en allant danser chaque nuit dans les clubs cubains jusque vers 4h du matin, à regarder la rumba, à danser la rumba, avec des leçons le jour suivant.
Nous avons fait cela sur une période de un mois et nous sommes revenus en Angleterre avec cette rumba.
On ne commençait pas sur le temps 1 de la mesure, mais sur le deuxième temps de la mesure, et le public anglais a eu tant de mal. Il était si difficile de leur faire découvrir combien cette danse était merveilleuse !
Nous avons poussé cette danse, nous avons fait des démonstrations de cette danse, nous avons toujours été très applaudis. Et enfin, après un certain nombre d'années, après de nombreux essais et après être retournés à Cuba chaque deux ou trois ans, revenant chaque fois avec de magnifiques figures, après avoir dansé avec d'admirables orchestres dont Senor Matanza Sera emmenant avec lui la chanteuse Celia Cruz.
Enfin nous avons été rejoints par le public anglais et surtout par les enseignants qui commencèrent à la danser.
Mais nous avons dû nommer les figures et vous remarquerez que j'ai appelé certaines figures Hockey stick , Natural top, Spirale. Nous avons nommé tout ces pas en choisissant des noms qui avaient un lien avec ce que nous faisions avec nos pieds . Par exemple dans la spirale vous dansez comme une spirale de cahier, dans le hockey stick vous retrouvez la forme d'une canne de hockey, durant un top vous tournez vers la droite ou vers la gauche autour d'un point. Et ainsi de suite. Et ces noms que nous avons donnés font aujourd'hui partie intégrante de tous les programmes des associations de danse du monde entier ».